Do you want to take a dip ? [ft Nathaniel]

Face au miroir de mon immense salle de bain, je tire une nouvelle fois sur ma cravate, essayant depuis déjà plusieurs longues minutes de la réajuster. J'ai horreur de ces bouts de tissus inutile
et encombrants. Non mais franchement, qui a bien pu avoir l'idée d'inventer ces choses monstrueuses et étouffantes ?
Je pousse un soupir exaspéré alors que j'abandonne finalement en jetant cette horreur à côté de la vasque devant laquelle je me tiens. Va au diable, Alexander Brawn ! Hors de question que je supporte une cravate toute la soirée. Le costume sera déjà bien suffisant...

Passant une main nerveuse dans mes cheveux en bataille, je me dirige vers le bar de mon salon pour saisir une bouteille de Vodka à moitié pleine et la finir cul sec. Saleté condition de vampire qui m'empêche même de me bourrer la gueule comme je l'entend... J'en suis réduis à boire environ trois bouteilles au lieu d'une, pour les mêmes effets... Tout simplement affligeant...
Je dépose ainsi la bouteille de verre -désormais vide- dans un coin encore disponible du bar, et m'accoude à ce dernier en poussant un long soupir. Je redoute déjà les heures à venir et il ne me reste plus que quelques minutes avant l'arrivée des premiers invités... Pourquoi ai-je accepté d'organiser cette ''soirée'' dans mon appartement déjà ? Ah oui, ça me revient : je n'avais pas le choix ! N'est ce que pas Alex !... Je peste intérieurement contre mon mentor, leader de la Résistance, qui me force à organiser cette soirée afin que j'approche d'un peu plus près certaines têtes puissantes. Je me haï, je haï ma ''vie'', et je te haï encore plus Alex ! Tu vas m'entendre pendant un bon bout de temps après un coup tordu pareil...
Je passe à nouveau une main dans mes cheveux désordonnés, tandis qu'une sonnerie retentit dans tout l'appartement. Tiens, en plus ils se permettent d'arriver en avance... Je peux d'ores et déjà oublier mes dernières minutes de répit.
Pendant qu'un des employés, que j'ai bien entendu engagé pour la soirée, s'occupe d'aller ouvrir la porte aux premiers invités, je me prépare psychologiquement pour la suite... Allé, on enfile le masque et c'est partit pour la comédie.

Quelques heures plus tard, la soirée est désormais bien entamée mais je suis plutôt satisfait des échanges que j'ai eu avec les têtes qui constituent mes cibles principales pour cette ''mission''. En effet, étant donné que j'ai réussi à obtenir quelques informations juteuses, je peux enfin me permettre de me détendre pour le reste de cette mascarade, et je dois dire que ce n'est pas trop tôt...
Je prends alors l’ascenseur de mon appartement pour me rendre à l'étage supérieur -qui m'appartient également-, à savoir : le toit aménagé de l'immeuble. Une piscine vitrée, qui constitue en partie le plafond de mon salon, accompagnée de chaises longues, d'un immense bar et d'un coin dancefloor avec platines. Eh oui, rien que ça. Il faut dire qu'en possédant une double-identité pour le compte des Puissants et de la Résistance simultanément, le(s) compte(s) en banque se porte(nt) plutôt bien... et il faut donc bien trouver un moyen de dépenser tout cet argent.

Désormais devant le bar extérieur, je commande alors deux shooters de ''cocaïne liquide''¹ que je m'empresse de vider, ainsi qu'un ''black dog''² que je garde en main tandis que je me retourne pour regarder les délicieuses créatures qui nous font profiter de leurs corps seulement vêtus de -très- légers bikinis. La soirée ayant été prévue autour d'une piscine, certains invités ont donc pensé à se munir des vêtements adaptés pour piquer une petite tête et je peux ainsi admirer les corps actuellement à demi-nu devant moi. Ce qui ne tarde pas à me donner quelques idées concenrant ma fin de soirée...
Alors que je me perds dans mes pensées, je me souviens tout à coup d'une connaissance que j'ai rencontré il y a quelques semaines et à qui j'ai envoyé un rapide sms durant la soirée pour lui proposer de se joindre à la fête. Ce fameux « Nathaniel » qui m'a fasciné dès notre première rencontre et que j'ai pu apprendre à mieux connaître lors d'une partie improvisée d'airsoft. Au moins s'il acceptait de passer par ici, cette soirée pourrait se révéler moins ennuyeuse que prévue... mais je n'ai malheureusement pas encore eu de réponse de sa part.



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*¹ ''Cocaïne liquide'' : versé dans un verre type ''shotter'', mélange équitable de vodka, tequila et curaçao bleu.
*² ''Black dog'' : versé dans un verre à whisky, mélange de trois doses de tequila et de coca-cola.

Alors que je continue de fixer les corps qui barbotent plus ou moins calmement dans la piscine, accoudé à une extrémité du bar et mon ''black dog'' déjà à moitié vide, j'utilise ma main libre pour sortir mon iphone dernière génération de ma poche. Malheureusement, je constate que je n'ai toujours pas de nouvelles de la part du fameux Nathaniel que j'ai pourtant invité durant la soirée pour qu'il se joigne à la fête... et je dois bien avouer que je suis déçu. J'aurais vraiment apprécié qu'il accepte de venir. Surtout que notre dernière rencontre remonte maintenant à quelques semaines, mine de rien... D'accord, je suis le seul fautif si nous n'avons pas eu l'occasion de nous revoir depuis, mais, étant donné que l'unique raison de mon indisponibilité se résume à la charge colossale de travail qui m'est attribuée, entre les ordres des Puissants et ceux de la Résistance,... j'en suis donc le premier affecté et, surtout, affligé.
A la pensée de ces deux puissances s'affrontant quotidiennement, je me souviens que je n'ai toujours pas pu cerner, ni la nature de mon acolyte, ni son degré d'implication dans les batailles politiques de notre très chère ville de Bloodbury. Deux choses qui me tiennent pourtant particulièrement à cœur, puisque je ne pourrai jamais le côtoyer sereinement tant que je n'aurais pas pu les déterminer avec précision.
J'ai déjà pu déduire qu'il n'était ni humain, ni animorphe, puisque je ne suis pas parvenu à déceler les forts battements de cœur caractéristiques à ces races. Toutefois, reste à savoir s'il est, comme moi, un vampire, ou bien un démon... Et dans les deux cas, la conclusion ne pourra être rassurante que s'il est impliqué dans les actions de la Résistance. Les choses sont toujours si compliquées...

Poussant un léger soupir de frustration, je détourne finalement mon regard et me redresse avec l'intention de me diriger vers l'ascenseur menant à mon appartement. Cependant, je me stoppe net avant d'avoir pu faire un seul pas, puisque j’aperçois mon dernier invité, tout simplement debout à l'autre bout du bar, un verre de punch à la main et le regard visiblement perdu sur l'étendue d'eau qui occupe le centre du toit. Immédiatement, je laisse un sourire étirer mes lèvres : il est finalement venu.
Ravi qu'il ait répondu présent à mon invitation, je me dirige vers lui pour me poster à ses côtés tandis qu'il ne m'a visiblement toujours pas calculé. Eh bien, les corps dénudés qui remuent devant lui le fascinent donc à ce point ?
Profitant de l'effet de surprise, je décide alors de lui murmurer, taquin :

« Tu préfères que je te présente un mâle ou une femelle ? »

Suite aux quelques mots que je viens de prononcer, je le vois immédiatement se raidir. Aïe... Il est vrai que je n'avais absolument pas pensé au fait que ce sujet puisse être une corde sensible à ne surtout pas toucher. Étant pour ma part plutôt ouvert sur ce sujet, et étant donné mes propres préférences assez ''diversifiées'', je n'avais pas envisagé la possibilité qu'il puisse être irrité par une approche de ce genre. Le but ne cette taquinerie n'était absolument pas de le blesser... et je suis donc rassuré lorsqu'il se tourne vers moi et se détend finalement en m'adressant un sourire ainsi qu'une réponse... surprenante de part sa franchise. Immédiatement, ces quelques paroles me permettent de chasser toutes mes précédentes craintes.
Ravi de constater qu'il semble de bonne humeur et réceptif à mes taquineries, je suis également agréablement surpris d'apprendre, de sa bouche, son ouverture concernant ses préférences en matière de sexe. Il faut bien avouer qu'il est plutôt attirant et je me surprends alors à l'imaginer dans la même tenue que quelques uns de mes invités en train de profiter de la piscine. La vue serait certainement particulièrement plaisante...
Je me reprends cependant bien vite lorsqu'il s'adresse de nouveau à moi. Il ne faudrait pas non plus que je me mette à le dévorer du regard. Loin de moi l'intention de passer pour un vulgaire affamé. Je lui réponds pourtant en appuyant mon regard dans le sien.

« Il est vrai que le potentiel est excellent, ce soir... »

Détournant mon regard vers la foule alors que je fini mon verre d'une traite, je me gifle mentalement pour mes dernières paroles. Qu'est ce qui m'a prit de dire ça en le fixant aussi intensément ? J'ai peut-être finalement réussi à atteindre mon seuil d'intolérance avec tout ce que j'ai ingurgité dans la soirée...
Je reprends donc rapidement la parole pour tenter de me rattraper en répondant à sa question.

« Je n'ai pas vraiment l'habitude d'organiser... ce genre de soirées, à vrai dire. D'ordinaire, je préfère que les choses soient moins... raisonnables. » -lui adressant un sourire complice, je termine finalement, un brin malicieux- « D'ailleurs, j'espère que tu as ramené un maillot, parce que ce serait bête de devoir faire le concours de t-shirt mouillé tout habillé. »

A peine ai-je prononcé ma dernière phrase, que je vois son visage se décomposer. Tiens, aurait-il quelque chose à cacher pour être aussi méfiant d'un simple concours de t-shirt mouillé ?... J'en viens alors à me demander s'il possède des armes dissimulées sous ses vêtements. Bien que je sois mal placé pour me préoccuper de ce genre de chose, puisqu'il est tout bonnement extraordinaire que j'ai accepté de délaisser mes couteaux de lancer. D'ordinaire, je ne m'en sépare jamais, j'en ai toujours un ou deux dissimulés sous mes vêtements, et ce, malgré ma nouvelle condition de vampire. Je n'y peux rien, j'y trouve une certaine sensation de sécurité -totalement absurde, je l'accorde-.
Bref. Je me demande bien ce qu'il désire tant cacher, mais je trouverai bien l'occasion de le découvrir. En attendant, je m'empresse d'essayer de le détendre en lui répondant sur un ton amusé.

« Détends-toi, je plaisantais ! Franchement, à part les deux trois jouets sexuels qui barbotent, tu penses vraiment que je pourrais organiser ça avec une telle assemblée ? »

Je laisse alors échapper un rire léger tandis que je pose ma main sur son épaule. Je n'ai pas l'impression de déceler de sangle, il n'a donc apparemment pas de harnais servant à ranger des armes. Je reprends alors la parole, en me rapprochant sensiblement de lui, pour rebondir plus précisément sur les termes qu'il a employé.

« Mais si tu ne voulais pas participer à la soirée ''piscine'', alors... quelles étaient tes intentions en venant ici ?... »

Mon verre vide dans une main et l'autre toujours posée sur son épaule, je me retiens de soutenir son regard trop longtemps. Décidément, je vais avoir du mal à me tenir à carreaux maintenant que mon taux d'alcoolémie a explosé le compteur.

Alors qu'il porte son cocktail jusqu'à sa bouche, mon regard se pose -bien malgré moi- sur ses lèvres en train d'avaler une grande lampée de ce mélange. Bon sang... Je dois vraiment me reprendre avant de risquer un malencontreux ''dérapage''.
Je profite alors de sa réponse pour sourire largement, avant de prendre la parole accompagné d'un air exagérément sérieux.

« Eh bien... » -à l'aide de ma main encore occupée par un verre vide, je dessine un large mouvement de bras pour désigner l'espace qui nous entoure, puis je reprends- « J'espère que le divertissement est à la hauteur de... tes attentes. » -je ponctue mes deux derniers mots par une légère pression sur son torse, toujours à l'aide de ma main décidément bien encombrée par ce verre vide.

Je me décide ensuite à répondre à sa question en même temps que je m'écarte de lui, le temps de déposer mon verre sur le bar.

« Comme toute soirée mondaine, le but est de maintenir son réseau de relations... Mais, pour ne rien te cacher... » -je reviens à ses côtés, pose à nouveau une main sur son épaule, et lui murmure de façon à ce qu'il soit le seul à entendre la suite- « ...ce n'est pas trop mon truc. Je préfère nettement les soirées plus... intimes. »

Je m'écarte légèrement lorsque je me rends compte du sous-entendu que je viens -encore- d'échapper. Je me frotte alors le visage, puis le cou, avec la main que je retire de son épaule. C'est vraiment dommage qu'il n'ait pas de quoi se baigner, un petit saut m'aurait certainement aidé à remettre mes idées en place.

Alors que je tente de calmer mon esprit embrumé par l'alcool, je me crispe légèrement lorsque je sens mon interlocuteur -si perturbant pour mon pauvre corps actuellement mené à la baguette par un cerveau malade- se pencher vers moi jusqu'à murmurer à mon oreille.
A la suite des quelques paroles qu'il vient donc de susurrer sensuellement à quelques centimètres de mon visage, tout en se tenant dangereusement proche de moi -sa respiration chatouillant d'ailleurs mon cou dans un souffle chaud particulièrement déstabilisant-, je perds un instant l'usage de ma langue et, plus généralement, de l'intégralité de mon corps. Ce dernier réussissant seulement à cligner fermement des yeux. Pathétique... Et puis, étant donné mon taux d'alcoolémie, j'ai sûrement tout simplement mal interprété ces paroles... « c'est également le genre de soirée que je préfère » : Non, là dessus, il n'y a aucun doute possible, il parle bien des soirées ''intimes'' auxquelles j'ai fait référence. Quant à la suite... le doute n'est pas non plus permis : il me propose clairement de laisser tomber cette soirée à mourir d'ennui pour aller faire quelque chose de plus attrayant avec lui. Et c'est donc à cet instant précis que je perds l'usage de ce qui me sert actuellement de cerveau, puisque les questions qui s'imposent à moi tournent en boucle dans mon esprit : que veut-il faire ? où veut-il que nous allions pour le restant de la soirée... nuit ? insinue-t-il clairement que nous passions une soirée ''intime'' -pour reprendre le terme- ensemble ?...
Malgré moi perturbé par ces idées qui m'embrouillent un peu plus, je ferme les yeux et me masse l'arrête du nez avec une main, l'autre bien sagement fourrée dans ma poche. Bon sang, je dois vraiment prendre une douche froide, marcher, ou... faire quelque chose, si je ne veux pas l'emmener de force dans ma chambre pour lui ''expliquer'' l'étendu des idées qui me traversent actuellement l'esprit. Est-il seulement conscient de l'effet qu'il produit sur moi à cet instant ?!... Je rouvre les yeux lorsque cette évidence me frappe : je suis tellement peu discret qu'il va certainement finir par remarquer mon trouble si je ne me ressaisi par rapidement... Si ce n'est pas déjà trop tard, évidemment.
Je laisse ainsi une expression faussement choquée se peindre sur mon visage, tandis que je lui réponds.

« Alors c'était donc ça la véritable raison de ta venue ici : me kidnapper à ma propre soirée pour m'entraîner je-ne-sais-où ? » -un sourire amusé étirant mes lèvres, je poursuis alors, accompagné d'un clin d’œil- « Il fallait le dire tout de suite, allons-y ! » -déposant mon bras autour de ses épaules, je reprends toutefois la parole après un court instant- « Mais... j'ai failli oublier : je devais te présenter quelqu'un. Passionné par les jeux vidéos et... tout ce qui se rapproche de ton domaine, en fait. » -utilisant ma prise sur ses épaules, je commence à nous faire avancer- « Il est juste là. » -je désigne un petit groupe de personnes en train de discuter de l'autre côté de la piscine- « Il n'y en a pas pour longtemps. Promis, après ça je serai tout à toi. »

J'accompagne ma dernière phrase d'un sourire complice en même temps que je retire mon bras pour le laisser libre de ses mouvements, avançant déjà de façon à contourner la piscine. Une nouvelle fois, les derniers mots ont franchis mes lèvres avant que ''ce qu'il me reste de cerveau'' ne puisse l'analyser... Mais je m'en moque, je suis bien trop curieux de découvrir les projets que mon acolyte nous réserve pour le restant de la nuit.

Immédiatement après que nous ayons été engloutit par l'étendue d'eau, je ressens très clairement les mouvements agités d'un Nathaniel en train de se battre pour rejoindre la surface et aspirer une grande bouffée d'oxygène. Effectuant de rapides mouvements, je sors à mon tour la tête hors de l'eau et j'aperçois à cet instant le visage transformé de ma malheureuse victime. Les yeux exorbités, la bouche grande ouverte pour profiter avidement de chaque bouchée d'air qu'il lui est permis de prendre : il semble réellement paniqué. Je lui ai visiblement fait la peur de sa vie et je me promet alors de tout tenter pour me faire pardonner cet énorme raté.

Tandis que je le vois se débattre pour rejoindre le bord et se hisser dessus comme si sa vie en dépendait, ma culpabilité augmente d'autant plus et je tente de le rattraper pour m'excuser le plus vite possible. Je me rapproche alors du bord en même tant qu'il s'extirpe hors de l'eau. Absorbé par le désir de m'excuser auprès de lui, je ne vois pas son pied sortir à toute vitesse de l'eau et je le reçois alors en plein visage. Le coup porté à mon arcade me sonne légèrement et je reste donc agrippé un instant au rebord de la piscine, avant de pouvoir redresser la tête et m'assurer que Nathaniel se porte bien. Je l’aperçois alors, recroquevillé et tremblant, les yeux perdus dans le vague.
Je commence à m'extirper de l'eau en même temps que je tente de m'adresser à lui.

« Nath... »

Mais avant que j'ai pu prononcer quoique ce soit, il se lève d'un bon et se jette dans la foule pour s'échapper à vive allure en direction de l'ascenseur. Je me redresse donc à mon tour, ouvre les bras en grand pour m'adresser à la foule avec un sourire faux et lancer que « Je crois bien que la soirée s'arrête là pour moi, mais la fête continue, amusez-vous ! », puis je m'élance à la poursuite du rouquin.
Arrivant de justesse alors que les portes de l'ascenseur commence à se refermer, je me jette à l'intérieur pour le rejoindre et m'adresser à lui en posant délicatement ma main sur son épaule, craignant qu'il me hurle tout simplement dessus.

« Nathaniel. Je suis tellement désolé, vraiment... J'ai eu un très mauvais réflexe. Excuse moi... Est-ce que ça va ? Tu... Tu trembles ? »

Cherchant son regard, j'essaie de lui prouver par ce biais mon sincère sentiment de culpabilité.

Lorsque Nathaniel redresse vivement la tête pour me fixer d'un regard noir, je constate avec soulagement que ce dernier se radouci. Il pensait certainement être dérangé et fixé par un invité pédant de cette soirée, avant de s'apercevoir qu'il s'agissait de moi. Je suis donc rassuré qu'il ne me hurle pas dessus, mais aussi que nous soyons seuls dans l'ascenseur car il aurait certainement été plus froid en présence d'un inconnu.
Alors qu'il saisit son t-shirt pour le tordre et ainsi l'essorer au mieux, je ne peux m'empêcher de fixer sa musculature parfaitement moulé par le haut de son t-shirt et désormais découverte au niveau de son ventre. Je dois bien avouer que je comprends un peu mieux que mon cerveau embrumé puisse être perturbé à ce point. J'essaie cependant de mettre ces pensées de côté, puisque ce n'est vraiment pas le moment opportun pour m'attarder -une fois de plus- là-dessus. Et dire que je trouvais que mon petit ''plongeon'' avait eu le mérite de me remettre les idées en place... Il faut croire qu'il n'y a donc pas uniquement l'alcool qui m'attire vers le séduisant rouquin.

Je suis tiré de mes pensées lorsqu'il s'adresse à moi sur un ton légèrement cassant afin de me demander des vêtements. Même si nous ne connaissons pas encore très bien, je distingue clairement qu'il prend sur lui pour ne pas me parler plus froidement. Il a l'air vraiment perturbé par cet accident et il est évident que lui fournir des vêtements de rechange est le moins que je puisse faire. J'y avais d'ailleurs déjà pensé et c'est pourquoi je lui réponds immédiatement.

« Bien sûr ! Je dois avoir ce qu'il te faut et je voulais justement te le proposer. On va aller voir ensemble ce que j'ai dans mon dressing et au pire je te ferai venir des vêtements sur mesure par mon vendeur. Il peut faire ça en urgence si je lui demande. »

J'ai effectivement pris pour habitude de faire venir mon vendeur personnel lorsque j'ai besoin de vêtements. Il me coûte bien évidemment un bras, mais cela m'évite de devoir faire les magasins et ce n'est pas négligeable lorsqu'on a, comme moi, peu de temps libre. Et puis, ce n'est pas comme si je devais faire attention à mes dépenses, alors pour une fois que je pourrais l'appeler pour une réelle urgence...
Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant nous, je m'engage directement pour nous amener jusqu'à ma chambre que j'ouvre rapidement afin de nous faire entrer. Je m'immobilise cependant sur le pas de la porte pour lui expliquer rapidement, joignant les gestes à la parole.

« La porte à gauche c'est la salle de bain, si tu as besoin d'y faire un tour. Mais sinon le dressing est par là. » -je tends une main en direction de la porte située sur la droite de la pièce, en attente de sa réaction.

Alors que Nathaniel se dirige déjà vers le dressing, je referme la porte de la chambre puis le rejoins lorsqu'il passe celle du la pièce qui me sert de dressing. Assez spacieux pour être équipé de deux sofas en son centre et d'immenses miroirs sur le mur du fond, je trouve ce dernier particulièrement confortable et pratique. Les nombreux rangements sont bien agencés, il y a assez de penderies pour avoir largement de quoi ranger... bien trop de vêtements pour une personne seule, et un paravent équipé de miroirs faisant face au mur du fond permet de se voir même de dos. Il faut avouer que c'est bien pensé... et que plus d'une personne rêverait d'avoir une pièce pareil chez elle. J'imagine déjà certaines femmes capables d'y passer des heures...
Une fois à l'entrée du dressing, je prends donc la parole pour poser brièvement quelques questions ''techniques''.

« Huum... Tu es plus grand que moi, mais je dois avoir un ou deux pantalons trop grands par ici » -j'indique une penderie sur la droite de la pièce- « Pour ce qui est du haut, tu as à peu près la même carrure que moi donc les chemises sont juste à gauche, ou si tu préfères, les t-shirt sont au centre. » -j'indique cette fois-ci des penderies sur la gauche- « Par contre pour les chaussures, je ne sais pas si tu fais du 45 donc si ce n'est pas le cas j'appelle mon vendeur pour qu'il t'en apporte tout de suite. »

Tandis que je termine ma tirade, je porte une main sur mon arcade douloureuse. Il m'a bien dit que je saignais mais, tout de même, la douleur me lance de plus en plus... Moi qui pensais n'avoir qu'une vulgaire égratignure, je retire finalement ma main au contact chaud d'un liquide sur ma tempe. Surpris, je fixe mes doigts désormais couvert de sang.

« Ah, en effet. Je comprends mieux pourquoi ça me lance... »

Le rouquin ne me prêtant, à cet instant, que peu d'attention, je garde en tête sa pointure tandis qu'il choisi quelques vêtements et s'éclipse en direction de la salle de bain. Essuyant ma main ensanglantée sur ma chemise, puisque de toute façon j'en possède assez pour me permettre d'en ruiner une, je me sépare de l'intégralité de mes vêtements trempés puis les jette dans la bac de linge sale situé au fond du dressing. J'enfile alors un boxer avant de réaliser que mon portable se trouvait dans la poche de mon pantalon et qu'il est donc très certainement hors d'usage... Heureusement que je possède un téléphone de secours. Cependant, celui-ci se trouve dans ma ''salle secrète'' se situant derrière la grande bibliothèque présente dans ma chambre. Une autre entrée se fait depuis le salon, mais il est bien évidement impossible que j'utilise celle-ci alors que de nombreux invités se promènent encore dans mon appartement. Bon, je devrais avoir le temps de le récupérer avant que Nathaniel n'ait eu le temps de se changer. Rapidement, j'enclenche donc le mécanisme pour faire coulisser la bibliothèque, je pénètre dans ma salle d'armurerie, récupère le dit téléphone, et sort pour remettre en place le système de camouflage. Tout ceci, sans que la porte de la salle de bain ne se soit ouverte, et j'en suis donc soulagé. Faisant quelques pas pour me diriger vers le dressing, toujours uniquement vêtu d'un boxer gris foncé et agrémenté de quelques motifs noirs, je compose le numéro de mon vendeur et lui ordonne de venir le plus vite possible avec une paire de chaussure de la pointure que je lui indique.
Lorsque je raccroche, la porte de la salle de bain s'ouvre alors sur un Nathaniel d'apparence bien plus calme, presque apaisé. Il semble toutefois pressé de se changer les idées puisqu'il me demande expressément que l'on quitte les lieux.

« Je viens d'appeler mon vendeur pour tes chaussures, il sera là d'ici quelques minutes. En attendant, je vais me changer et nettoyer... ça. » - j'indique mon arcade blessée qui me lance d'ailleurs de plus en plus, avant de reprendre, un sourire chaleureux étirant mes lèvres- « Installe toi sur le lit si tu veux. La télé sort du sol au pied du lit si tu l'allume avec la télécommande sur la table de chevet. Surtout, fais comme chez toi. »

Attrapant un pantalon noir dans mon dressing, j'enfile rapidement ce dernier et traverse déjà la chambre pour me diriger vers la salle de bain.