The Red Woman & He Who Has Fiery Hips [ft. Nathaniel]

Messages : 36 Date d'inscription : 06/03/2014

Ava, devant son armoire depuis une demi-heure déjà, jeta un rapide coup d'oeil à son réveil : 21h. Elle soupira longuement.

« Pourquoi a-t-il fallu qu'il se rende en boite. Tous ces gens agglutinés et en sueur, l'odeur d'alcool et de drogue, la chaleur étouffante... Ugh. » se dit-elle, agacement et réticence lisibles sur son visage.

Dans deux heures et demi, elle devra en effet se rendre dans l'une des boites les plus réputées de Bloodbury. Et pas dans le bon sens du terme.

Au cours de sa pêche aux infos, elle a pu dénicher différentes factures d'un homme possédant très certainement ce qu'elle cherche, remontant toutes à ce lieu de dépravation. Alcool, drogue, nourriture, boissons diverses, tout y passait et finissait par atteindre des sommes inimaginables. Le plan commençait déjà à se mettre en place dans l'esprit d'Ava. Si cet homme était aussi friant de plaisirs simples, il allait être servi.

Mais évidemment, tout n'était pas aussi simple, et le premier problème s'était d'ores et déjà posé avant même qu'elle ne quitte sa demeure : Qu'allait-elle porter?

Elle était peut-être une légère amatrice de mode, mais rien de ce qu'elle possédait ne rimait avec "boite de nuit". Pourrait-elle se faire passer pour une serveuse? Certainement que, dans la cohue générale, personne n'y ferait attention... mais ses connaissances plus que limitées en boissons (et, avouons-le, son dégoût prononcé pour ce genre de lieu) viendraient vite lui poser problème. Elle n'avait qu'une seule solution, et c'était de soutirer les informations en usant de ses charmes. Rien n'était moins sûr et ardu pour la jeune femme amatrice de romantisme qu'elle était.

Le réveil affichait à présent 21h30. L'heure approchait à grands pas, mais Ava n'avançait pas d'un pouce. C'est accompagnée d'un énième long -et presque douloureux à entendre- soupir, qu'elle du se résoudre à sacrifier l'une de ses robes pour le bien de sa mission.

Prenant précautionneusement le ceintre sur lequel la robe était accrochée et l'étalant sur le lit, la jeune femme posa son regard sur celle-ci une dernière fois, non sans émotions. Sortant les ciseaux mortels de sa commode et les approchant dangereusement du vêtement, la main tremblante et le front en sueur, Ava ferma les yeux pour accomplir cet acte cruel et barbare... mais s'arrêta avant que l'irréparable ne soit commis.

Les yeux écarquillés et le sourire aux lèvres, un éclair de génie venait de frapper Ava de plein fouet. Elle rangea sa robe le plus délicatement possible, comme si elle tentait de se faire pardonner, puis se mit assise sur son lit. Il lui restait deux heures. Plus de temps qu'il n'en faut pour faire une sieste et récupérer son énergie.

Elle n'avait jamais utilisé ses dons pour résoudre ses problèmes mineurs, cela lui paraissait être la solution de facilité. Mais sacrifier une robe qui lui avait coûté une fortune était impensable. Aussi se mit-elle en tailleur, concentra son énergie et, en un flash, fit apparaître la tenue idéale devant elle.

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« Je savais que c'était une mauvaise idée. »

La musique était assourdissante et noyait le moindre bruit. Si elle ne le savait pas impossible, Ava aurait juré que son cerveau était en train d'exploser.

Il ne lui fallut pas longtemps avant de repérer sa proie, évidemment assise dans le carré VIP et profitant d'une lapdance. Un réel cliché. Elle s'en approcha mais se fit vite stopper par deux hommes gardant l'accès audit carré.

Elle passa sa main dans ses cheveux à présent blonds (un simple mirage, mais qui se montrerait utile si elle en venait à devoir fuir) puis caressa lentement le torse de l'un deux.

« Vous savez... dit-elle en contenant un rire. Je suis ouverte à toute proposition... »

Les deux goliaths ne clignèrent même pas des yeux et continuèrent de la dévisager violemment. Ava pensa un instant à employer la manière forte, mais du très vite se résoudre à abandonner l'idée, puisqu'elle mettrait fin au plan de manière brutale. Mais soudain, comme par providence, sa cible s'approcha d'elle et écarta les deux montagnes, avant de lui dire la bave aux lèvres : « Tu as bien dit... toute proposition...? »

Tout s'enchaina très vite à partir de ce moment. Elle suivit l'homme-porc empestant l'alcool dans un salon privé et ne réussit à prendre de lui qu'un nom, avant que les gardes n'interviennent. Elle en assomma un et, tenant fermement le bras du second, lui passa entre les jambes pour lui faire faire un tour dans les airs. Avant que celui-ci ne se relève, elle sortit à vive allure de la pièce et déploya une seconde illusion, faisant croire qu'elle avait pris l'issue de secours.

Légèrement essoufflée, cachée au sein de la piste de danse, toujours sous l'effet de l'adrénaline et redevenue rousse, Ava respira un grand coup.

« J'ai réussi à avoir un nom... ugh, j'ai surtout besoin de décompresser. »

C'est ainsi qu'elle se dirigea vers le bar et se délecta d'un verre dont la fraicheur parcourut son corps entier, comme une vague de plaisir. Elle se tourna vers la piste, parcourant la foule et se moquant intérieurement de leur manière de danser, avant de stopper son regard sur un homme qui n'avait visiblement plus aucune inhibition. Ses pas étaient en parfaite synchro avec la musique, et ses hanches étaient tout bonnement déchaînées. Elle continua de lever son regard, remarquant ses vêtements légèrement mouillés et transparents, puis ses épaules, un grand sourire... et des yeux endiablés. Etait-ce l'alcool? l'adrénaline? les muscles finement dessinés par la sueur de l'homme? une combinaison des trois? Elle ne savait pas quelle en était la raison, mais elle laissa son verre à moitié plein sur le comptoir, et s'approcha de lui.

Son corps palpitait, ses yeux le scrutaient, son cerveau ne savait quoi en penser. Était-elle... attirée par cet homme?

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Minuit, un vendredi soir. Qu'est-ce que Nathan pouvait bien faire pour occuper sa nuit, et commencer le week-end dans l'excellente humeur qu'il se plaisait à cultiver ? Ce n'est pas vraiment difficile à deviner. Il se trémoussait librement sur la plateforme tournante au milieu des autres clubbers insouciants, bien entendu. C'était, et ce depuis les années 20, un de ses passe-temps favoris. Quand on a l'agilité d'un fauve et l'oreille musicale, autant en profiter. C'est donc dans ce club "underground" des plus illégaux qu'il laissait son esprit flotter loin de tout souci, bien que son quotidien n'en fût pas vraiment remplis à la base. Il se doutait bien que de l'argent sale circulait dans ces lieux de débauche alcoolique et sexuelle. Peut-être même que des membres de la Résistance et des Puissants se côtoyaient ici sans le savoir. Tout cela n'avait pas la moindre espèce d'importance pour le démon, tant que ces conflits n'avaient pas de retombées sur sa vie, ils pouvaient bien se déchirer dans l'allégresse haineuse la plus totale. Ce qui l'ennuierait, en réalité, c'est de voir cet établissement, ou plutôt ces établissements, disparaitre.

Ses pas de danse, fluides et précis, presque félins, suivaient le rythme et la mélodie du morceau "house" du moment. Les semelles de ses chaussures noires cirées glissaient esthétiquement sur le sol, alors que ses épaules battaient la mesure et ses hanches ondulaient avec une élégance serpentine. Son t-shirt V-neck vert clair et son pantalon noir ne gênaient en rien ses déhanchements et rotations, et lui conféraient une apparence entre classe et décontractée. Il sentait parfois les corps en mouvement frétillant à ses côtés entrer en collision avec son dos, son bras, voire ses fesses, mais ces brefs contacts ne le dérangeaient en rien. Après tout, ça faisait partie de l'atmosphère, de se mouvoir contre d'autres individus, et dont l'ensemble créait une vague de chaleur qui emplissait toute la salle. Il ne prêtait guère attention aux autres danseurs, balayant quelques fois son regard olive sur l'assemblée, mais il se focalisait à nouveau rapidement sur la musique. S'il restait vigilant par rapport à une chose, c'était simplement pour esquiver les clubbers déterminés à se frayer un chemin parmi la marée mouvante avec un verre plus ou moins chancelant à la main. Et même s'il se faisait arroser par quelque liquide odorant et collant, sa soirée n'en serait pas gâchée pour autant.

Il était loin d'être nostalgique des danses pratiquées du milieu du XIXe siècle, comme de tout le reste venant de cette époque d'ailleurs. Elles étaient bien trop cadenassées, les danseurs enchaînés dans des pas de danse calculés, et dans des vêtements serrés inadaptés par ailleurs. Il avait assisté à l'évolution des danses populaires dans de nombreux pays, il avait foulé les pistes de danse sous les boules à facettes de la période disco. Il était friand des danses quasi frénétiques, qui induisaient la destruction des carcans. C'était avec un amusement sincère qu'il contemplait les soubresauts presque épileptiques des maladroits qui ne savait pas danser parce qu'en dépit de leur flagrante incompétence, ils osaient oublier le jugement des autres pour apprécier l'instant. Et c'est sans l'ombre d'un doute pour cette raison qu'il affectionnait tant ces lieux, parce qu'ils étaient le théâtre d'une liberté vibrante qui lui inspirait la joie de vivre.

Ses yeux s'ouvrirent à nouveau pour jeter un regard enjoué autour de lui, un sourire radieux étirant ses lèvres fines. Ils s'immobilisèrent sur deux iris de la même couleur que les siens. La jeune femme à laquelle ils appartenaient semblait captivée par ce qu'elle observait avec intensité, à savoir lui. Il se retrouva comme happé par la vivacité de ce regard. Son expression resta figée quelques instants dans la joie qui le gouvernait, avant de hausser un sourcil intrigué. Un sourire mi avenant mi espiègle se peignit sur sa bouche et il tendit une main gantée dans sa direction pour l'inviter à le rejoindre sur la piste.

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Le surréalisme de la situation ne faisait que s'épaissir à chaque instant. Ava, qui était supposée avoir une sainte horreur de ce genre de lieu, était encore présente. Certes, elle avait eu besoin de se cacher au sein de la foule, mais le sentiment de danger avait depuis longtemps disparu, remplacé par une curiosité- non, par un sentiment autrement plus intense... mais sur lequel elle ne pouvait mettre le doigt. L'homme se tenait devant elle, continuant de danser sans donner l'impression de se soucier du monde autour de lui. Puis il leva sa main et la tandit en direction d'Ava, sans pour autant perdre élégance ou rythme. D'un simple mouvement de la part du danseur, elle se retrouva dépossedée de l'intellect qui lui était si précieux, en plein conflit avec son instinct et ses émotions. Que devait-elle penser? Que devait-elle faire? Devant elle se trouvait un inconnu au physique, ne le cachons plus, parfait aux yeux de la jeune femme. Mais il y avait autre chose. Une aura. Une impression. Comme si une seule et unique cellule dans l'entièreté de son corps tentait de résister et lui sommait de s'en aller.

Ava ferma les yeux un court instant et se frappa intérieurement. « N'oublie pas où tu te trouves, jeune fille. » Elle reprit ses esprits. Elle n'avait pas tort ; elle se trouvait après tout dans l'un des lieux les plus sordides de la ville, et elle avait déjà pu avoir un aperçu du genre de personne qui pouvait s'y trouver.
L'homme se trouvait toujours sur la piste de danse, jetant à Ava un regard de braise. Puis il leva un sourcil. Le coeur d'Ava fit un bond, mais elle lutta contre ce qu'elle pouvait ressentir. Contre toute attente, elle commençait à prendre plaisir dans cette maison de la bestialité et elle n'allait certainement pas tout ruiner en agissant comme une jeune écervelée.

S'avançant d'un pas nonchalant vers l'inconnu, elle n'oublia pas de ne pas abaisser ses défenses cette fois-ci. Elle arriva près de lui et lui prit la main délicatement, lui adressant par la même occasion un petit sourire en coin. Puis elle s'approcha davantage de lui. Encore. Et encore. Pour finir par se retrouver à quelques centimètres de lui.
Se mettant sur la pointe des pieds, elle tenta tant bien que mal d'atteindre l'oreille de l'inconnu, qui faisait vingt bons centimères de plus qu'elle (dieu bénisse les talons).

« Je ne sais pas danser! » tentait-elle de lui avouer. Mais elle n'était pas sure d'avoir pu se faire entendre tant la musique était forte, et tant les gens autour pouvaient crier. Ava remit ses talons en contact avec le sol. Des perles de sueur commençaient déjà à apparaître sur sa peau d'ivoire, davantage dues à la chaleur émanant du troupeau autour d'eux qu'à une quelconque activité physique.
Sa main se trouvait toujours dans celle de l'homme, avec seulement une fine couche de cuir empêchant tout contact. Elle ne le remarqua qu'au bout d'un certain temps et la retira rapidement, gênée. Levant les yeux pour voir la réaction de l'inconnu, voir s'il était sur le point de répondre à son aveu ou, au contraire s'il allait lui demander de répéter voire l'ignorer, Ava nota enfin les yeux du danseur, verts également, emplis de malice. Le temps semblait s'allonger, ralentir, s'arrêter.

« Oh mon dieu, à le fixer comme ça il va penser que je suis une idiote. » s'avoua-t-elle. A haute voix.

Son visage devint aussi rouge que sa robe.

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Les pas chassés et dodelinements du démon continuaient de suivre la cadence, dans une habitude presque mécanique, alors que son attention était désormais entièrement portée sur la jeune rouquine qui s'avançait vers lui. Sa tenue, il l'avait remarquée tout de suite après son regard insistant, était des plus sexys et semblait épouser ses courbes à la perfection. Elle était, il devait bien l'admettre, physiquement très attirante. Elle avait des traits un peu passe-partout, mais l'harmonie de son visage couplé à sa silhouette la rendait tout à fait désirable. Du moins pour Nathaniel. Sa robe lui intimait que ce soir, son désir était de plaire. Peut-être avant tout à elle-même, avant de plaire aux autres fêtards, et si c'était le cas, cela la rendait d'autant plus attrayante. Une femme sûre d'elle est très souvent une femme séduisante, peu importe les atouts dont elle dispose.

Sa démarche décontractée, son petit sourire en coin, tout à cet instant lui inspirait le désir de partager une danse avec la jeune femme, et peut-être plus si elle était intéressée. Il resserra ses doigts autour de sa main quand elle la prit enfin, et lui adressa un sourire ravi alors qu'elle approchait son corps du sien. La chanson n'était pas vraiment ajustée au collé-serré, mais c'était avec plaisir qu'il s'adapterait. Il se pencha légèrement vers elle, agréablement surpris de la voir se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille, se demandant bien quel genre de gourmandise elle s'apprêtait à susurrer. Ses deux sourcils s'arquèrent sensiblement à la révélation de la jeune femme et il ne retint pas le rire chantant qui monta de sa gorge.

« Si vous ne savez pas danser, que vous n'avez pas un verre à la main, et que vous n'êtes pas entourée d'un groupe d'amis, qu'est-ce qui vous a poussée à venir ici ? » s'enquit-il avec légèreté, son ton exprimant clairement son amusement.

Et bien, à en juger par l'attention très flatteuse qu'elle lui portait, par la proximité de leurs deux corps, et par la rougeur qui venait d'embraser ses joues, elle devait être ici pour trouver un compagnon de chambrée pour la nuit. Mais, "Je ne sais pas danser" n'est pas vraiment le genre de phrase que Nathan s'attendait à entendre. Si elle avait voulu l'aguicher, elle aurait eu plus de succès avec une réplique langoureuse du genre "Je préfèrerais partager une danse plus intime avec vous..." ou peut-être quelque chose de moins cliché. Ses mots avaient sonné comme une excuse, prononcés avec sincérité, et c'est ce qui l'avait fait rire. Il n'arrivait pas à cerner le comportement de la jeune femme. Des vêtements affriolants arborés avec un sourire mutin, puis cette réplique incongrue. Mais visiblement le meilleur restait à venir, car la demoiselle se mit littéralement à penser à voix haute. Le sourire du démon s'agrandit largement d'hilarité. Et bien il avait sa réponse : elle était tout simplement troublée par l'aura qu'il dégageait, alors une fois arrivée si près de lui elle avait perdu une bonne partie de son aplomb. Ma foi, si la demoiselle avait besoin d'être mise à l'aise, il se ferait une joie de l'aider. Maintenant qu'il avait vu un soupçon de deux traits de sa personnalité, il était curieux d'en apprendre davantage. Il secoua la tête avant de reprendre la parole.

« Si ça peut vous rassurer, je ne pense pas que vous le soyez. Vous voulez aller boire un verre au bar ? » suggéra-t-il avec un sourire avenant, ses yeux sondant presque les prunelles de la rouquine en face de lui.

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« Si ça peut vous rassurer, je ne pense pas que vous le soyez. Vous voulez aller boire un verre au bar ? »

Le ton rieur et léger du bel homme la mit un peu plus à l'aise, aidant son visage à retrouver une couleur un tant soit peu normale. Puis elle repensa au verre qu'elle avait laissé derrière elle. « Avec plaisir. »

Etant la plus proche du comptoir, Ava n'attendit pas de l'homme qu'il fasse le premier pas et ouvrit la marche, faisant bien attention à l'homme qui la suivait et qui continuait d'afficher un grand sourire.
Le troupeau à présent traversé, deux sièges s'offrirent aux deux protagonistes et leur permirent de s'asseoir avant qu'un autre couple puisse y accéder. Regardant furtivement et brièvement par-dessus l'épaule du danseur, la jeune femme ne put se retenir de sourire, comme pour célébrer une petite victoire. Elle fit alors un signe au barman puis, en attendant sa venue, se tourna vers celui qui l'accompagnait.

« Que prendrez-vous? » lui demanda-t-elle, continuant à son tour d'arborer un grand sourire.

Au diable ses convictions passées, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas autant amusée.

« Je tiens à... m'excuser pour être passée pour une idiote. Mes "aptitudes sociales" sont quelque peu "rouillées". »

Outre le fait qu'elle avait littéralement mimé les guillemets avec ses doigts, parler de "rouille" était un euphémisme. Elle ne s'était jamais réellement ouverte aux autres depuis son arrivée, et ne savait comment se comporter une fois le seuil du simple "bonjour" passé. Elle qui pourtant savait jouer un rôle, ne savait pas comment faire de même dans la vraie vie.

« Et pour répondre à votre première question, la raison qui m'a poussée à venir ici... une sorte de pari. Je me suis dit que venir ici, malgré mes a prioris, serait une bonne idée... J'attends de voir ce qui va en découler. » Ses yeux firent un mouvement de bas en haut, tentant de faire comprendre qu'elle parlait ici de son interlocuteur.

Le barman daigna enfin montrer le bout de son nez. Un coude posé sur le comptoir, Ava regarda le mur d'alcools derrière lui.

« Je vais prendre un... mojito. Et pour monsieur...? »

Elle tourna la tête en sa direction, sourcil levé et sourire en coin.

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Nathaniel suivit la jeune femme jusqu'au comptoir, où deux sièges vides les attendaient patiemment. Peut-être que les deux jeunes femmes assises sur ces tabourets quelques secondes plus tôt et riant bruyamment entre deux gorgées de leurs cocktails avaient subi l'influence du démon avant d'aller rejoindre la piste de danse, peut-être pas. Ses yeux légèrement brillants d'amusement, de curiosité et des flashs et projecteurs de la boîte, retracèrent la cambrure de son dos et la rondeur de ses fesses, appréciant particulièrement son déhanché à chacun de ses pas. Cette robe carmin, associée à ses cheveux flamboyants et son rouge à lèvres, la rendait tout bonnement sulfureuse. Toutefois, il était évident qu'elle n'était pas une femme fatale, et c'était ce détail qui la rendait d'autant plus intéressante pour le démon. C'était une promesse de découvrir bien plus en grattant un peu sous les apparences de séductrice.

Sans se départir de son sourire affable et chaleureux, il prit place aux côtés de la jeune femme, s'accoudant au bar, bien que son buste fût tourné vers la demoiselle dans une attitude explicite d'intérêt. Il s'apprêtait à répondre à sa question quand elle poursuivit. Il laissa donc ses lèvres se resserrer et l'écouta avec curiosité. Il fronça un sourcil et en leva un autre à sa deuxième révélation. Son sourire s'agrandit et il hocha la tête, montrant qu'il comprenait son raisonnement, alors qu'elle mentionna un "pari". Puis son regard devint plus séducteur, complice, quand la rouquine lui fit savoir de manière plutôt suggestive que son verdict concernant cette soirée dépendrait sensiblement de l'issue de leur rencontre.

« Un Sub Zero pour moi, je vous prie. » répondit-il en se tournant vers le barman, mais reportant bien vite son attention sur la demoiselle. « Nathaniel. » se présenta-t-il enfin en prenant délicatement une de ses mains pour la porter à ses lèvres toutefois sans les presser contre sa peau, abaissant sa tête sans la quitter du regard. « 'Pari' est bien le mot. Une boîte de nuit est sûrement l'endroit le plus... audacieux pour dérouiller sa sociabilité. Les gens ne brillent pas vraiment par leur honnêteté et leur raffinement ici. »

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L'homme lui prit la main comme pour la baiser et dit répondre au nom de Nathaniel. Un parfait gentleman, du moins en apparence. Qui pouvait savoir ce qu'il lui cachait ou ce qu'elle ne pouvait voir? Gardant ses propres conseils en tête, elle savait que l'écrasante majorité -si ce n'est la totalité- de ce qui se présenterait sous ses yeux ne serait que poudre aux yeux, subterfuges et mensonges.
Elle finit par récupérer sa main et la dirigea, tout comme son regard, vers son verre.

« Les gens ne brillent pas vraiment par leur honnêteté et leur raffinement ici. »

Ava haussa mentalement les épaules. Ce n'était pas comme si elle avait réellement eu le choix du lieu. Son regard se redirigea vers Nathaniel.

« Exactement. J'apprécie ce côté "tout ou rien", toujours un plus contre la monotonie. Son sourire en coin réapparut une fois de plus. Et je suppose que ce côté malhonnête pourrait s'appliquer à vous comme à moi, qui sait... Elle prit une gorgée de sa boisson. Oh, je suis navrée je ne vous ai même pas dit comment je m'appelais! Azusaël, dit-elle après avoir redressé sa posture. Mais c'est assez compliqué comme ça, alors Az suffira. Enchantée, Nathaniel. »

La jeune rousse, encore en train de se flageller psychologiquement pour être aussi sotte, tenta de couper court au silence qui tentait de s'installer entre eux.

« Je n'ai pu m'empêcher de remarquer, comme je pense les trois-quarts des gens présents ici, votre talent pour la danse. Un vrai diable en feu, si je puis dire. Il serait fort dommage de priver le monde d'admirer ce don. Elle descendit de son siège. M'accorderez-vous ces danses? »

Son ton se faisait savoir taquin et retenait pourtant un soupçon de sérieux. Elle prit la main du jeune homme -qui n'avait pas réellement eu le temps de réfléchir- et l'entraîna au milieu de la piste. Faisant fi de son incapacité totale à produire la moindre once d'élégance dans ses pas, son sourire illuminait son visage et faisait savoir à tout quidam qu'elle était, en cet instant précis, insouciante... heureuse.
Et soudain, d'un coup d'oeil involontaire derrière l'épaule de Nathaniel, elle aperçut deux hommes aux costumes noirs certainement très coûteux cherchant frénétiquement à travers la foule.

« Évidemment... Sûrement avec ceux de tout à l'heure. Je préfèrerais ne pas attirer l'attention. »

Ava se rapprocha brusquement de son partenaire de danse prétextant une perte d'équilibre et resta suspendue à son shirt pour rester cachée, visages dangereusement proches.

Le danger passa aussi vite qu'il était arrivé. Ava soupira puis releva la tête, réalisant enfin la situation dans laquelle elle s'était mise.

« Oh, je... je... pardon j'ai du trébucher je suis confuse, vraiment...! La chaleur, la fatigue et l'alcool ne doivent pas faire bon ménage, ha ha... »

Reculant maladroitement, Ava ne put s'arrêter de regarder le sol, ses cheveux retombant devant son visage. Elle ne savait plus où se mettre et ne souhaitait plus qu'une chose : se cacher dans un trou à tout jamais.

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Nathan ne quitta pas la jeune femme du regard alors qu'elle retira sa main et se tourna vers son cocktail. Il remarqua aussitôt son manque total de réaction. Visiblement, elle n'était pas sensible à ce genre de gestes. Ou bien était-ce simplement en raison du contexte qui entourait ce baise-main. Il fallait bien avouer que le timing était assez singulier : agir comme un parfait gentleman et mettre l'accent sur la fourberie des habitués de ce genre d'endroit à quelques secondes d'intervalle, c'est assez ironique. Il pouvait comprendre que la demoiselle eût quelques réticences à voir de la sincérité dans cette minauderie. Pourtant il n'avait pas fait cela que pour lui plaire, mais parce qu'il en avait eu envie. Et c'était un des vestiges de l'aristocratie victorienne.

Il en profita pour boire également une gorgée de son cocktail couleur de glace, avant de reporter son attention sur elle quand elle reprit la parole. Un léger rictus entendu étira le coin gauche de sa bouche à la réponse provocatrice de la rouquine, qui n'a toujours pas répondu à sa présentation par ailleurs. En effet, elle doutait de la sincérité du démon, et il ne pouvait en rien la blâmer. Et quand enfin elle se rappela que lui donner son prénom serait plus certainement une bonne idée si elle ne voulait pas l'entendre l'appeler "machine", le sourire de Nathan conquit l'intégralité de sa bouche et se propagea sur l'ensemble de son visage, créant de petites rides au coin de ses yeux.

« Je partage votre avis, ce genre de rencontre casse la routine. » Il marqua une courte pause. « Je pense pouvoir retenir 'Azusaël', mais si vous préférez 'Az' je vous appellerai ainsi. » répondit-il avec un brin d'ironie dans la voix, avant de redevenir silencieux, buvant une nouvelle gorgée du mélange de vodka, Get 27, menthe et curaçao bleu, pas gêné le moins du monde par le petit blanc qui commençait à se loger dans leur conversation, profitant des saveurs de sa boisson et de la musique.

Son attention se reporta cependant sur Azusaël quand cette dernière lança un autre sujet. Une expression enchantée et flattée se peignit sur son visage à ses louanges et ses sourcils se haussèrent quand elle se leva et proposa d'aller se déhancher sur la piste. N'avait-elle pas avoué quelques minutes plus tôt son incompatibilité avec la danse ? Était-elle si subjuguée par ses talents qu'elle désirait le revoir se trémousser sans pour autant rester seule au bar ? Ou était-ce parce qu'elle avait épuisé ses sujets de conversations, ou ne souhaitait tout simplement discuter ? Et bien, peu importe, après tout pourquoi pas. Cependant il n'eut pas le loisir de répondre, car elle s'empara de sa main gantée et l'embarqua avec elle presque de force au milieu des corps dansants.

Il venait de placer ses mains sur ses hanches et de commencer à onduler les siennes, quand la jeune rouquine agrippa son t-shirt, visiblement déséquilibrée. Il resserra son étreinte autour de son bassin pour la soutenir, posant sur elle un regard mi amusé mi concerné. D'aussi près, il pouvait sentir les effluves de menthe et de rhum du Mojito qu'elle venait de siroter, il pouvait voir les nuances de vert de ses iris et les quelques taches de rousseur qui parsemaient son nez, ou encore les pigments de son rouge à lèvres. La pauvre jeune femme était dans tous ses états ce soir, entre les pensées qu'elle laissait échapper, ses répliques incongrues, et maintenant la chute dont il venait de la sauver. Il avait vaguement remarqué les agents de sécurité scruter la foule, mais il était bien trop focalisé sur la charmante maladroite pour s'en soucier. Le soupir de soulagement qu'elle émit le fit sourire davantage.

Il laissa à nouveau échapper un rire chantant à sa réplique et sa réaction confuses. Il s'approcha d'elle et se pencha au-dessus de son oreille. « Peut-être désirez-vous quitter cet endroit Az? » proposa-t-il. Visiblement, elle était bien trop étourdie et dissipée, voire agitée. Il ne doutait pas qu'un peu d'air et un peu de calme lui feraient du bien. Quant à lui, il était dans cet boîte depuis déjà une heure, et il y retournerait suffisamment tôt.

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